La SIMPLICITE nous parle à nous, Sœurs de Notre Dame de Namur.
La simplicité, Julie, jeune fille de Cuvilly, ne l’a-t-elle pas vécue en tant que simple paysanne de Picardie avant de nous en parler ?

Julie choisit de beaux symboles de la nature comme le tournesol qu’elle admirait dans les champs autour d’elle ou le cristal qu’elle utilise également pour exprimer comment elle comprenait cette caractéristique qu’elle souhaitait pour chaque sœur.
« Celles qui ne sont pas simples ne sont ni les enfants de Dieu, ni les miens » Julie Billiart


Sœur Mary Linscott développe l’idée :
« L’analogie du rayon de soleil brillant à travers le cristal suggère la pénétration complète et l’irradiation par lesquelles Dieu influe sur l’homme à travers la simplicité, en même temps que la transparence qui est la disposition humaine donnée en retour…
La simplicité de la lumière blanche ne signifie pas un manque de couleur, mais la potentialité de toute la gamme de couleurs non réalisée aussi longtemps qu’il n’y a pas d’objet pour réfracter son éclat »
Mary Linscott, toute imprégnée de l’esprit de Teilhard de Chardin, le cite :
« Jusqu’ici adorer a signifié préférer Dieu aux choses en les référant à Lui. Maintenant adorer signifie abandonner notre âme et notre corps à l’action créatrice. ..Unir cette activité à la sienne et conduire le monde à son accomplissement. » (Christologie et évolution)
« La simplicité impliquait Julie dans les problèmes de son temps. En effet, il lui était difficile de concevoir un christianisme se tenant à l’écart des tourments de la vie. »
Quel est le tourment actuel exprimé avec force notamment par la jeunesse du monde entier et répercuté dans l’encyclique du Pape Laudato Si ?
N’est-ce pas justement : l’urgence d’une conversion écologique à tous les niveaux ?
Référons-nous à un passage ou l’autre du Laudato Si à lire et surtout à chercher à appliquer dans notre vie avec notre charisme particulier de la simplicité.
«N° 222 : La spiritualité chrétienne propose une autre manière de comprendre la qualité de vie et encourage un style de vie prophétique et contemplatif ,capable d’aider à apprécier profondément les choses sans être obsédé par la consommation. …La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété…C’est un retour à la simplicité qui nous permet de nous arrêter pour apprécier ce qui est petit, pour remercier des possibilités que la vie nous offre. »
Autre exemple N°227 : « S’arrêter pour rendre grâce à Dieu avant et après le repas est une expression de cette attitude. Je propose aux croyants de renouer avec cette belle habitude et de la vivre en profondeur. Ce moment de bénédiction, bien qu’il soit très bref, nous rappelle notre dépendance de Dieu pour la vie, il fortifie notre sentiment de gratitude pour les dons de la création, reconnaît ceux qui par leur travail fournissent ces biens, et renforce la solidarité avec ceux qui sont le plus dans le besoin. » Pape François dans Laudato Si
Sœur Mary Linscott de continuer :
« C’est l’Esprit, planant sur les eaux qui donna vie à la création et qui, en couvrant Marie de son ombre réalisa l’incarnation. Son action transforme l’âme et l’amène à la vie de mysticisme actif et pratique que Julie décrit. C’est pourquoi elle recommande souvent son œuvre à l’Esprit, elle presse les sœurs de l’invoquer, de laisser sa lumière les envahir, illuminer leur travail. »
Les Sœurs de Notre-Dame participent activement à la conversion écologique.
N’est-ce pas, ouvertes à l’Esprit, que nos chapitres généraux successifs ont pris au sérieux ce tourment actuel de notre monde ? Dans l’article 65 de nos Constitutions, nous lisons « Sachant que Dieu a créé toute chose bonne, nous lui sommes reconnaissantes et nous respectons toutes les ressources de la terre. Nous veillons à les utiliser et à les gérer pour améliorer la vie de tous »
En 2014, la Congrégation s’exprima ainsi « Poussée par la crise écologique, nous examinons chaque facette de notre relation avec la communauté de la création. Tous les membres et toutes les Unités de la Congrégation s’engagent à passer à l’action sur cette question brûlante de notre temps »
Que d’actions concrètes sont menées à travers le monde notamment par des Sœurs de Notre Dame, à différents niveaux concernant cette préoccupation majeure dans le souci intégralement conjoint de préserver la terre et par là de sauvegarder l’humanité comme nous le rappelle si clairement le Pape : « L’intime relation entre les pauvres et la fragilité de la planète ; la conviction que tout est lié dans le monde ».
Energies propres, panneaux solaires, assainissement de l’eau, nourriture saine, méthodes respectueuses de la terre… Une sœur a même donné sa vie dans le martyr pour la cause : pensons à Dorothy Stang défendant la forêt Amazonienne au Brésil, la lutte continue après elle.

Plus près de Namur, prenons l’exemple de Jumet en Belgique où le grand parc va permettre la permaculture avec son principe « rien ne se perd tout se transforme ». Pour en savoir plus sur la reconversion du couvent de Jumet (fondé par sainte Julie en 1808) en une ferme urbaine de permaculture, cliquez ici : http://sndden.be/2018/11/09/ferme-bio-dans-le-couvent-de-jumet/

Un autre aspect qui rejoint notre charisme est l’accent mis sur l’éducation.
Le pape François nous le rappelle : « Nous sommes devant un défi éducatif ».
N°213 de l’encyclique Laudota Si : « Les milieux éducatifs sont divers : l’école, la famille, les moyens de communication, la catéchèse et autres. Une bonne éducation scolaire, dès le plus jeune âge, sème les graines qui peuvent produire des effets tout au long de la vie. »
Julie n’avait-elle pas ce sens éducatif lorsqu’elle dit « Préparons des jeunes filles pour la vie »
Dans les perspectives du projet bio à Jumet nous lisons : « L’éducation constitue l’un des axes principaux du projet. La présence d’une école primaire sur le site est un atout pour sensibiliser les enfants à l’alimentation naturelle. Nous pourrions aussi accueillir des étudiants de toutes disciplines en stage. »
Terminons par le sens que donne si admirablement le pape François à L’Eucharistie :
N° 236 : « Dans l’Eucharistie, la création trouve sa plus grande élévation. Le Seigneur, au sommet du mystère de l’Incarnation, a voulu rejoindre notre intimité à travers un morceau de matière. Non d’en haut mais de l’intérieur, pour que nous puissions le rencontrer dans notre propre monde… L’Eucharistie est en soi un acte d’amour cosmique. L’Eucharistie est toujours célébrée en un sens, « sur l’autel du monde ». (Cf Teilhard de Chardin cité lui aussi par le Pape François)
Pour en savoir plus :
- Mary Linscott (SNDde N), Au ciel à pied, 1969 (traduction française, 1990).
- Mary Linscott (SNDde N), Le 4ème essentiel, 1971.