multiculturalité: une congrégation internationale

anglais

« De Mère Julie à Mère Ignace (1804 à 1842), l’Institut n’a pas cessé de croître ».

Ce constat, Cécile Dupont, jeune chercheuse belge de l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve, l’a développé dans un brillant mémoire en vue de l’obtention d’un master en histoire pour lequel elle a consulté les Archives Générales des SND à Namur.  Elle s’est concentrée sur les trois premières supérieures générales des SND et en particulier la correspondance (Cécile DUPONT, Le Salut des âmes via le développement de l’enseignement au féminin : les sœurs de Notre-Dame de Namur, entrepreneures de l’éducation (1804-1842), UCL, Louvain-la-Neuve, Juin 2014).

Au cours de sa vision à Amiens, le 2 février 1806, Julie Billiart réalise que ses Sœurs se répandraient hors de la France vers d’autres pays du monde.  Cette extension est prédite, dès les origines de l’Institut, par l’évêque de Gand.  Dans ses lettres, Julie répète plusieurs fois les propos du prélat :  «Comme Mgr de Broglie m’avait promis de beaucoup s’intéresser à notre établissement, et que je lui avais dit bien clairement, que si l’on ne voulait pas donner un autre local à mes Sœurs de St-Nicolas, que je les emmènerais à Namur, il m’avait nettement dit sa façon de penser, lui ; que nous n’étions pas faites pour rester dans un seul diocèse : « Non, Mère Julie, ce n’est pas là votre vocation. » (Lettre 113, 25 avril 1809).  La troisième fois qu’elle énonce l’avis de l’évêque, elle y ajoute une dimension internationale : il est question que la congrégation s’étende « partout dans le monde » (Lettre 114, 26 avril 1809).

1. Missionnaires chez soi : les maisons françaises et belges

Dès l’origine de la congrégation, la fondatrice entreprend d’élargir le champ de son action.  D’abord, sans quitter l’espace français puis belge, les sœurs se font missionnaires.  Elles sont investies d’un rôle apostolique qu’elles se doivent de mener à bien quel que soit l’endroit où les enverra la volonté divine. 

Carte de la France: En 1804, Julie fonde la congrégation dans une France élargie. En effet, la victoire des Français à Fleurus en 1795 entraina l’annexion des Pays-Bas autrichiens et de la principauté de Liège (Belgique actuelle) à la France pour vingt ans. La carte se dessine à nouveau en 1815 après la bataille de Waterloo : les « Belges » sont unis aux Hollandais dans un royaume des Pays-Bas. Mère Saint-Joseph connaîtra l’indépendance de la Belgique en 1830.

La fréquence des fondations suit de très près l’évolution politique.  Mère Julie et Mère Ignace fondent, toutes deux, une à plusieurs maisons par an.  Le supériorat de Mère Saint-Joseph est lui beaucoup moins riche en nouvelles implantations.  Le début de son supériorat voit la concrétisation des derniers projets de Julie Billiart.  Par la suite, Françoise Blin de Bourdon ne fonde presque pas de nouvelles maisons pendant environ 20 ans.  Cet arrêt des fondations est dû au contexte politique de l’époque hollandaise et à l’inimitée du roi Guillaume Ier envers les congrégations religieuses.

Première expérience de la multi-culturalité

Le premier voyage de Julie hors du territoire francophone est celui qu’elle entreprend en juin 1806 avec le Père Leblanc en Flandre où ce dernier est chargé d’inspecter le collège de Roulers.  Julie et le Père Leblanc rencontrent Mgr de Fallot de Beaumont, évêque de Gand de 1802 à 1807, qui exprime le désir d’avoir dans son diocèse une maison des Sœurs de Notre-Dame.  Mère Julie accepte la demande de l’évêque à condition d’avoir des jeunes filles parlant la langue flamande et de les former d’abord à la vie religieuse et aux méthodes d’enseignement. 

En Flandre, région annexée à la France depuis 12 ans, on parle une langue incompréhensible pour Julie.  Le français y est la langue de l’occupant.

 « J’ai fait lire sa lettre en flamand. »  Lettre 106 (Février 1809)

 « […] j’eus un peu de difficulté de le trouver, car ne pouvant parler flamand pour le demander, le bon Dieu permit que je m’adresse à un homme qui ne put jamais me dire un seul mot.  Enfin, je m’en fus tout droit à l’église St-Pierre où je m’adressais encore à un homme qui ne put non plus me répondre, et, […]. » Lettre 113 (Avril 1809)

En revenant de Gand, Julie Billiart demande à la jeune Marie Steenhaut ce que la population dit sur son dos, et en particulier de son costume.

Cliquez sur le document pour l’agrandir et le lire – Le lendemain, notre Mère me conduisit à la grande messe, et dans la rue, elle fut plus d’une fois insultée par les garçons à cause de son singulier costume de voyage. On lui donna toutes sortes de noms, noire sorcière, peau de jambon, aventurière, devineresse, etc. Notre Mère me fit répéter en français les cris flamands, elle en riait, et moi j’étais humiliée de me trouver près d’elle au point qu’en rentrant dans l’église, je lui laissait avancer seule, et j’entendit la messe ou plutôt je donnais cours à mes distractions étant bien loin d’elle toute confuse et humiliée, notre Mère ne s’en apperçut qu’en sortant de l’église, elle me questionna dans la rue, et je lui fis connaitre mon orgueil, elle fut satisfaite de ma sincérité, me donna un avis sur l’humilité et mon estime pour elle augmenta et je fus plus forte dans d’autres épreuves qui m’attendaient. « Premier voyage de Mère Julie en Flandre (1806) », Récit autographe de Sr Marie Steenhaut (orthographe laissée telle que dans le texte original).

Mère Julie trouve les Flamands généreux et travailleurs.  C’est ce qu’elle écrit dans ses lettres : « Ils sont tous, ces bons Flamands, d’une si mûre réflexion pour exécuter leurs affaires, et ne se soucient pas d’un retard, si je n’ai pas le temps de les écouter. »  (Lettre 47, Janvier 1807).  Mais les Flamands peuvent aussi lui mener la vie dure ; d’où quelques expressions peu flatteuses… 

En quittant St-Nicolas pour Gand : « Nous sommes parties […] au milieu de cent personnes qui, je vous l’assure, ne donnaient aucune marque de peine, de se voir enlever un établissement si précieux pour eux ; au contraire, la population nous disait toutes sortes de moqueries. […]  Enfin les autres circonstances que je vous dirai de vive voix, vous feront bien voir que le bon Dieu ne voulait plus que nos bonnes Sœurs restent plus longtemps dans ce pays-là ; nous voilà donc parties. » Lettre 117 (Mai 1809)

Dans ses Mémoires, Françoise nous donne des détails sur les premières postulantes flamandes :

 « Les bontés de Mgr de Beaumont et les promesses de toutes sortes d’assistances qu’il fit à notre Mère, pour le temps que ses sujets seraient préparés, la satisfirent beaucoup et lui donnèrent des espérances fondées de travailler en Flandre pour la gloire de Dieu.  Elle ne ramena de ce premier voyage qu’une fille appelée Thérésia Lauwers, qui ne savait pas un mot de français; elle revint le 29 juin 1806.  On lui avait promis, en Flandre, de lui chercher des personnes qui eussent vocation pour cette œuvre; en effet, elle repartit le 28 août, même année et revint le 18 septembre, ramenant avec elle cinq Flamandes, dont deux ne savaient pas du tout le français, et une, très peu.  Elle partit le 13 novembre; elle ramena en Flandre Thérésia Lauwers à qui nous ne convenions pas et qui ne nous convenait pas davantage. »

Notons aussi que lors de son voyage à Gand, Mère Julie fait une halte avec les jeunes postulantes à Courtrai où elle loge notamment chez Madame Goethals, tante de Mère Ignace, troisième supérieure générale et promotrice des missions lointaines, qui avait alors 6 ans.  La petite Thérèse Goethals reçut une bénédiction de Julie qui l’embrassa tendrement.

Pour Mère Julie, la Flandre est importante.  Elle y reçoit comme postulantes beaucoup de jeunes filles en qui elle découvre des vertus solides.

 « Je vous dirai qu’il se présente bien des flamandes pour notre maison, mais je crois ne vous en ramener qu’une dont ma chère bonne petite Sœur Marie sera bien étonnée, car c’est sa bonne sœur Françoise, […]. » (Lettre 43, Novembre 1806) Ce sont Marie Steenhaut et sa sœur Ciska (Françoise Steenhaut).

 « Vous avez bien fait de parler au confesseur, des flamandes, pour leurs communions, comme je vous l’ai dit et pour qu’il y ait de l’ordre.  Je suis bien aise que vous soyez contente de la petite sœur de Marie (Steenhaut) et je suis aussi contente d’elle-même ; c’est une bonne petite Sœur, elle nous est d’une grande utilité avec toutes nos flamandes. » (Lettre 46, Décembre 1806)

Il est intéressant de remarquer que dans les Archives Générales des SND, nous avons de nombreux documents autographes de Sr Marie Steenhaut ; ceux-ci nous sont très précieux pour retracer l’histoire et découvrir les émotions des Sœurs de l’époque.  Parmi ceux-ci : 1er voyage de Julie en Flandre en 1806 ; Annales de Saint-Nicolas et Gand ; Quelques lettres. 

Cliquez sur le document pour l’agrandir et le lire – Première page des Annales de Saint-Nicolas : Notice sur l’établissement de St-Nicolas, transféré à Gand après deux ans et demi d’existence dans la paroisse de St-Pierre, écrit en l’année 1844 par un témoin oculaire et auriculaire, Sœur Marie de Jésus Steenhaut, supérieure.

La jeune sœur de Sr Marie Steenhaut, Françoise (Sœur Ciska), était très appréciée de Mère Julie qui en parle dans ses lettres avec beaucoup d’affection.  Dans ses Mémoires, Mère Saint-Joseph ne laisse nul doute quant aux qualités de cette jeune fille :

« Mais revenons à notre principale affaire.  J’ai laissé M. Cottu dans la chambre de la Mère Julie à qui, étant sur le point de sortir, il demanda:
– Qui emmènerez-vous d’abord avec vous?
– Mais dit-elle, j’emmènerai une telle, une telle, etc.
Et quand elle nomma la Soeur Ciska Steenhaut, qui était une jeune Flamande de Gand âgée de dix-sept ans, sachant bien le français, dont M. de Sambucy faisait grand cas et qu’il eût bien voulu retenir:
– Non, dit M. Cottu, laissez-la.
– Mais, mon Père, n’aviez-vous pas dit que je devais les emmener toutes?
– Je vous dis de la laisser; on ne sait pas si Monseigneur n’en voudra pas garder quelques-unes.
– Mon Père, elle ne voudra pas rester, j’en suis sûre.
– Laissez-la toujours.
– Je vous assure, – ajouta la Mère Julie, – qu’elle ne le voudra pas. »

Mère Julie fonde trois écoles dans le diocèse de Gand (en Flandre).  Le 9 décembre 1806, elle établit la maison de Saint-Nicolas.  Trois sœurs y sont envoyées dont Sr Marie Steenhaut chargée de s’occuper de la classe de flamand.  Mais, en mai 1809, les Sœurs sont contraintes de quitter cette maison à cause de son insalubrité.  Elles arrivent à Gand où Mère Julie eut de la peine à trouver un logement convenable.  Ce n’est que le 21 novembre 1809 que les Sœurs s’installent à la rue des femmes à Gand et fondent l’école du Nouveau-Bois le 15 février 1810.  Le 11 novembre 1811, les Sœurs établissent une école à Zele.

Cliquez sur le document pour l’agrandir et le lire – Extraits de la liste des voyages de Mère Julie (Page 1 à 3 : de 1804 à 1809 – fondations des maisons en Flandre), autographe de Mère Saint-Joseph.
Extraits de la liste des voyages de Mère Julie (Page 1 à 3 : de 1804 à 1809 – fondations des maisons en Flandre), autographe de Mère Saint-Joseph.

Une fois installées, les religieuses doivent se ménager une place au sein de la population et s’intégrer aux us locaux.  La langue est l’un des plus importants obstacles auxquels elles se heurtent lors de leur arrivée en Flandre.  Parmi les enfants qu’elles reçoivent « il n’y en a que cinq ou six qui entendent le français sur un si grand nombre » (Lettre de Sœur Catherine Daullée à Sr Saint-Jean à St-Hubert, Gand (rue des femmes), 29 décembre 1809).  Afin de surmonter cet obstacle, la supérieure générale demande immédiatement la formation de postulantes flamandes.  Elle raccourcit également leur noviciat à deux mois afin que les sœurs puissent au plus vite commencer à enseigner dans la langue des enfants (Annales de Saint-Nicolas).  Les sœurs adaptent également leurs exigences au public auquel elles s’adressent.

2. Des perspectives internationales : les Pays-Bas et l’Amérique

Première implantation à l’étranger : la Hollande

Avant l’Amérique, les premières tentatives d’implantation hors de l’espace franco-belge sont dirigées vers la Hollande.  A la toute fin de l’année 1809, Julie Billiart entreprend un voyage à Breda.  Elle s’y rend à la demande d’une dame proposant sa maison pour y réaliser une fondation.  La dame charitable ne convainc pas Julie Billiart et la fondation ne se fit pas. 

Quelques années plus tard, en 1819, c’est à nouveau de Hollande que parvient une autre sollicitation. 

Père Matthias Wolff

Le Père Wolff, un jésuite, sollicite Mère Saint-joseph afin de placer chez les SND quelques filles à former.  La supérieure générale accepte et reçoit dans la maison de Gand trois novices hollandaises (Marie Stichters, Sophie Miltner et Lubuina van Elck).  Entre 1820 et 1821, quatre autres postulantes se présentent.  Ces jeunes femmes sont reçues et formées par les SND mais demeurent sous la direction du Père Wolff.  Ces religieuses extérieures ne sont pas destinées à demeurer dans la congrégation.  Dès l’origine, il est question qu’elles retournent fonder un établissement en Hollande.  Elles établissent une nouvelle congrégation le 29 juillet 1822 qui s’applique à l’éducation et adopte le nom de « Pédagogie chrétienne ».  Cette congrégation évolue indépendamment de celle des SND de Namur.  Elle en suit malgré tout les Règles, adaptées au contexte particulier du pays.  Aujourd’hui, cette congrégation est connue sous le nom de SND d’Amersfoort et bien qu’elles ne reconnaissent pas Julie Billiart pour fondatrice, lui vouent une dévotion particulière.

Départ pour l’Amérique : un désir de voyage mûri de longue date

Considérons avec attention ce que Cécile Dupont écrit dans son excellent travail de recherche dans les Archives Générales de la congrégation des SND.

« La volonté de partir en mission lointaine est présente chez les SND longtemps avant leur départ effectif.  Déjà sous Mère Saint-Joseph, des allusions à ce désir d’évangélisation hors d’Europe sont présentes.  Il n’existe pas encore de projet concret mais des phrases disséminées ça et là dans la correspondance témoignent d’une idée qui fait son chemin dans l’esprit de certaines : « … vous nous donnez envie d’aller en mission par toute ce que vous nous dites … mais notre tour viendra j’espère et nous pensons que le bon Dieu appellera les SND au-delà de la grande rivière.  Il n’est rien de nouveau dans notre noviciat sinon que notre désir d’aller en mission s’augmente de jour en jour. » (Lettre de Sr Louis de Gonzague à Sr Stéphanie, 1832).  C’est avec cet objectif à l’esprit que Thérèse Goethals rejoint la congrégation en 1821.  Sous le supériorat de Françoise Blin de Bourdon, en 1824, elle pense un peu trop fort à l’Amérique et Mère Saint-Joseph qui connait le désir missionnaire de sœur Ignace la tempère : « … il paraît que vous rêvez encore à l’Amérique, cependant je ne crois pas que ce soit sérieux. » (Lettre de Mère Saint-Joseph à Sr Ignace Goethals, 31 mai 1827)  C’est toutefois cette rêveuse qui permettra la réalisation de la prédiction de Mgr de Broglie. »

Mère Ignace, bien que promotrice du départ en Amérique, ne quitte pas la Belgique. 

Portrait de Mère Ignace

Elle choisit selon leur caractère, leurs compétences et leur désir, les 8 sœurs pionnières et les accompagne jusqu’à Anvers d’où elles embarquent le 3 septembre 1840, malgré les mises en garde de Mgr Purcell et les réticences des familles en Belgique. 

Sœur Louise Van der Schrieck, pionnière aux Etats-Unis et supérieure de la province de l’Ohio, pendant 38 ans (de 1848 à 1886).

« Le bateau choisi pour la traversée emmène également à son bord des pères dominicains et jésuites qui sont leurs compagnons de voyage.  Les religieuses, malades en mer, racontent avec humour leur traversée à leurs sœurs restées en Belgique. »

« Arrivées sur le nouveau continent, elles voyagent par train et par bateau.  A travers elles, sous leur plume, les sœurs de Belgique découvrent une Amérique sauvage et moderne.  Une fois à destination, les sœurs sont momentanément hébergées chez les Dames de la Charité.  De cette façon, l’emplacement de leur future maison ne leur est pas imposé.  Malgré les difficultés à trouver un bâtiment en ville, les religieuses ne souhaitent s’installer en campagne qu’en ultime recours car il est important qu’elles demeurent auprès des pauvres.  De plus, elles craignent de ne pas pouvoir s’y fournir en matériel nécessaire.  Les SND ont finalement l’opportunité d’acquérir une bâtisse sur Sixth  Street, dans le centre de Cincinnati. »

Bâtiment Sixth Street, dans le centre de Cincinnati

« L’implantation des sœurs aux Etats-Unis ne se fait pas sans difficultés.  Ce nouveau pays dresse plusieurs obstacles sur leur route.  La difficulté principale dont prennent immédiatement conscience les sœurs est la langue.  Dès leur embarquement, les religieuses s’attèlent à l’apprentissage de l’anglais.  Le révérend père French, dominicain passager sur la même traversée, leur sert de premier professeur (Lettre de Sr Louis de Gonzague à Mère Ignace, 21 octobre 1840).  Une fois sur place, les sœurs se rendent vite compte de leurs lacunes dans la maîtrise de l’anglais et de l’importance capitale de la langue pour atteindre leur but.  Elles continuent à s’entraîner deux à trois heures par jour.  Elles indiquent qu’il est nécessaire que les sœurs qui viendraient un jour les rejoindre maîtrisent l’anglais avant leur départ.  Seule sœur Louise (Joséphine van der Schrieck, une des pionnières de la mission américaine qui succède en 1848 à Sr Louis de Gonzague au poste de supérieure de la maison de Cincinnati) parvient à manier cette langue correctement, les autres religieuses peinent à l’assimiler.  Il est évident que cela ne facilite pas leurs tâches apostoliques.  La répartition des tâches selon les capacités est tributaire de la maîtrise de la langue ; il est donc moins facile ici de la respecter strictement.  Le contingent restreint de religieuses est également un frein.  Leur établissement de Cincinnati rencontre toutefois du succès.  Il s’adresse à une large tranche d’élèves.  L’élargissement de leur public et l’absence de noviciat sur place obligent les Sœurs de Notre-Dame à réclamer toujours des renforts. […] »

« Elles vont petit à petit s’adapter à leur pays d’accueil, modelées par leur nouvel environnement.  De leurs habitudes culinaires à leur conception de l’espace, leurs perceptions se transforment.  Les religieuses rencontrent en Amérique une flore et une faune nouvelle.  Elles découvrent de nouveaux goûts, des fruits inconnus et des pratiques alimentaires locales viennent enrichir leurs sens.  Les sœurs s’émerveillent par exemple en découvrant les animaux inconnus et colorés peuplant leur environnement au climat estival beaucoup plus chaud qu’en Belgique. »

« La conception du monde change dans cette terre immense.  Leur premier voyage laisse aux sœurs une impression d’immensité, mais vite elles en viennent à relativiser « …il a traversé l’océan en douze jours et demi, vous voyez que ce n’est pas une si grande affaire d’aller en Europe. » (Lettre de Sr Louis de Gonzague à Mère Ignace, 1 septembre 1841).  Très vite elles rendent compte des différences de perception : les missions de Monsieur Roppe sont à cent lieues (482km) des sœurs, « ce n’est pas fort loin dit-on en Amérique » (Lettre de Sr Louis de Gonzague à Mère Ignace, 1 octobre 1841).  De nouvelles coutumes s’invitent aussi dans le quotidien des sœurs ; ainsi, elles s’étonnent d’abord de l’échange de cadeaux à Noël qui ne se fait pas en Belgique ((Lettre de Sr Louis de Gonzague à Mère Ignace, 4 janvier 1842).  Il y a aussi des usages de politesse « … les Américains ne se saluent pas et les dames lorsqu’elles sont assises ne se lèvent pour personne » ((Lettre de Sr Louis de Gonzague à Mère Ignace, 25 décembre 1840). »

 « Outre le fait que les Sœurs doivent s’adapter au système d’éducation américain, une autre difficulté fondamentale entre les Etats-Unis et l’Europe dans laquelle agissent les sœurs est la confession de leur public majoritairement protestant. »

Conclusion

Aujourd’hui, les distances qui séparent les maisons fondées par Mère Julie en Belgique et en France nous paraissent bien courtes.  Mais du temps de Julie, il n’existe pas de transport aisé entre les villes et il est pratiquement inexistant pour relier les villages.  La diligence est souvent incommode, on marche beaucoup, les voyages sont longs.  Pour garder l’unité de la congrégation, Julie entreprend de nombreux voyages en diligence, à dos d’âne ou même souvent à pied. Entre deux voyages, Mère Julie garde le contact avec toutes les maisons en écrivant de nombreuses lettres à ses filles, surtout les supérieures des maisons secondaires. 

« Il faut nécessairement que dans une communauté comme la nôtre, plusieurs nations se trouvent rassemblées, mais la charité n’examine pas cela parce qu’il n’y a qu’une nation en Jésus Christ. » (Julie, Thèmes)

En Amérique, les religieuses  tentent de se tenir au plus près de ce qui se fait en Belgique : « nous faisons tout comme à Namur, autant que possible. » (Lettre de Sr Louis de Gonzague à Mère Ignace, 7 mai 1841).  Pour maintenir l’unité, on sait l’importance que les supérieures générales accordent à la correspondance.  Mère Ignace permet à la supérieure de Cincinnati d’écrire tous les mois malgré le coût élevé d’un envoi postal.  Elle souhaite maintenir un lien fort et un institut uni.

Texte: Marie Felten, archiviste générale des SND de Namur et Sr Christiane Houet, coordinatrice du Centre d’héritage des SND de Namur

Traduction anglaise : Sr Jo Ann Recker

Bibliographie :

  • Tous les documents reproduits dans ce texte sont conservés aux Archives générales des SND à Namur (archives.generales@sndden.org).
  • Cécile DUPONT, Le Salut des âmes via le développement de l’enseignement au féminin : les sœurs de Notre-Dame de Namur, entrepreneures de l’éducation (1804-1842), UCL, Louvain-la-Neuve, Juin 2014
  • Lire les nombreux travaux de Sr Gaby Peeters sur le rayonnement des SND dans les provinces du Nord de la Belgique.
  • Lire aussi les travaux de Sr Louanna Orth, tel que Souvenez-vous, réjouissez-vous, renouvelez-vous, 1840-1990, Cincinnati, 1990.

Multiculturalism: an international congregation

French

“From Mère Julie to Mère Ignace (1804 to 1842), the Institute has not stopped growing.”

This observation, Cécile Dupont, a young Belgian researcher from the Catholic University of Louvain-la-Neuve, developed in a brilliant thesis for her Masters degree in History for which she consulted the General Archives of the Sisters of Notre Dame in Namur.   She focused on the three first Superiors General of the Sisters of Notre Dame and, in particular, their correspondence,   (Cécile DUPONT, The Salvation of Souls by Means of the Development of Feminine Education: the Sisters of Notre Dame de Namur, Entrepreneurs of Education (1804-1842), UCL, Louvain-la-Neuve, June 2014.)

During her vision at Amiens, on February 2, 1806, Julie Billiart realized that her Sisters would spread beyond France and towards other countries of the world.  This expansion was predicted, from the origins of the Institute, by the Bishop of Ghent.  In her letters, Julie repeated several times the remarks of the prelate: “As the bishop had promised me to take a great interest in our establishment, I had told him very definitely that if they did not want to give another house to my sisters of St. Nicolas, I should take them away to Namur.  He told me clearly that to his way of thinking we were not made to stay in only one diocese.  ‘No, no, Mère Julie, that is not your vocation.’ ”  (Letter 113,  April 25, 1809).  The third time that she repeated the words of the bishop, she added to them an international dimension:  it was that the Congregation would extend to “everywhere in the world.”  (Letter 113, April 26, 1809).

1 Missionaries at home:  the French and Belgian Houses

From the beginnings of the Congregation, the foundress undertook to enlarge her field of action.  At first, without leaving French then Belgian territories, the sisters were missionaries.  They took on an apostolic spirit to which they obligated themselves no matter where the divine will sent them. 

Map of France in 1800: In 1804, Julie founded the Congregation in an expanded France. In fact, the French victory at Fleurus in 1795, led to the annexation of the Austrian Netherlands and of the French principality of Liège (Belgium today) to France for 20 years. The map was drawn again in 1815 after the battle of Waterloo: The “Belgians” were united to the Dutch in the Kingdom of the Netherlands. Mother Saint Joseph would experience the independence of Belgium in 1830.

The frequency of the foundations closely follows the political evolution.  Mère Julie and Mère Ignace together found one to several houses per year.  The tenure of Mother St. Joseph’s term of office as Superior General is much less rich in new establishments.  The beginning of her term sees the realization of Julie Billiart’s final projects.  Afterwards, Françoise Blin de Bourdon founds hardly any new houses for around 20 years.  The cessation of foundations is due to the political context of the Dutch era and to the enmity of King William I toward religious congregations.

First experience of multiculturalism

The first of Julie’s trips outside of French territory is the one that she undertook in June 1806 with Father Leblanc into Flanders where the latter is charged with inspecting the college of Roulers.  Julie and Father Leblanc meet Monsignor de Fallot de Beaumont, bishop of Ghent from 1802 to 1807, who expresses the desire to have in his diocese a house of the Sisters of Notre Dame.  Mère Julie accepts the bishop’s request on the condition that she has young women who speak Flemish and forms them, first, to religious life and as teachers.

In Flanders, the region annexed to France for 12 years, an incomprehensible language for Julie is spoken.  French is not the language of the occupier. 

I have had someone read her letter in Flemish”  Letter 106 (February, 1809)

“I have had some difficulty in finding him for, while I was not able to speak Flemish, the good God permitted me to address a man who could not say a single word to me.  At last, I went quite straight to the church of St. Pierre, where I asked another man who could not answer me either.”  (Letter 113, April, 1809)

Returning from Ghent, Julie Billiart asks a young Marie Steenhaut what the populace says behind her back and, in particular, about her habit.

Click on the picture to enlarge and read the document – The next day, our Mother took me to high Mass and, in the street, she was more than once insulted by the boys because of her singular traveling costume. They gave her all kinds of names: our witch, ham hide, adventuress, sorceress, etc. Our mother had me repeat in French the Flemish shouts. She laughed at them while I was so humiliated to find myself near her that, upon entering the church, I let her go ahead of me a bit and heard Mass or rather, being far from her, confused and humiliated I gave into my distractions. Only in leaving the church did our mother notice. She questioned me in the street and I let her know about my pride. Satisfied with my sincerity, she gave me advice on humility. My esteem for her grew and I was stronger in other trials that awaited me. “First Trip of Mère Julie in Flanders (1806)” Handwritten account by Sr. Marie Steenhaut (spelling left as it was in the original text).

Mère Julie finds the Flemish generous and hard workers.  It is what she writes in her letters:  “All these good Flemings are so deliberate and ponderous in carrying out their business; and they do not mind delays, even if I have no time to listen to them.”  (Letter 47, January, 1807).  But the Flemish can also make her life difficult; thus some not-so-flattering expressions…

Upon leaving St. Nicolas for Ghent:  “We left at 1:00 p.m. in the midst of a hundred persons who, I can assure you, did not show any sign of sorrow to see the removal of an establishment that was of such value to them.  On the contrary, these Flemings offered us all kinds of mockery.  The other circumstances also, which I shall tell you by word of mouth, will show you that the good God did not want our good sisters to stay any longer in that part of the country.  So now we have left.”  (Letter 117, May, 1809)

In her Memoirs, Françoise gives us details about the first Flemish postulants:

“The Bishop of Ghent was kind and promised every assistance while the postulants were in training, which pleased our mother and gave her the hope of working in Flanders for the glory of God.  She returned on June 29, 1806, from this first trip with a postulant, Thérésia Lauvers, who unfortunately did not speak a word of French.  In Flanders they had promised to find more vocations for us and this they did; in fact, she left again on August 28, of the same year, returning on September 18, bringing home with her five postulants, two of whom did not speak French at all, while one spoke very little.  She left on November 13 taking Thérésia Lauvers back to Flanders.  We did not suit her; nor she, us.”

Note also, that during her trip to Ghent, Mère Julie stopped with the young postulants at Courtrai where she stayed, notably, with Madam Goethals, aunt of Mère Ignace, the third Superior General and promoter of foreign missions, then only six years old.  The little Thérèse Goethals received a blessing from Mère Julie who embraced her tenderly. 

For Mère Julie, Flanders is important.  There, she received as postulants many young women in whom she discovered solid virtues.

“I must tell you that many Flemish girls want to enter with us.  But I think I shall bring only one back with me, whom my good little Sister Marie will be very astonished to see, for it is her good sister Franciska.”  (Letter 43, November, 1806).  These are Sister Marie Steenhaut and her sister Ciska (Franciska). 

“You have done well to speak to the confessor of the Flemish girls about their Communions as I told you to do, so that there may be some order.  I am glad that you are pleased with the little sister of Marie (Steenhaut) and I am also very pleased with Marie herself.  She is a good little sister and very useful to us with all our Flemish girls.”  (Letter 46, December 1806)

It is interesting to note that in the General Archives of the Sisters of Notre Dame, we have many signed documents of Sister Marie Steenhaut; these are very precious to us in retracing the history and discovering the feelings of the sisters of that time.  Among these:  Julie’s first trip to Flanders in 1806; the Annals of Saint Nicolas and Ghent; some letters. 

Click on the picture to enlarge and read the document – First page of the Annals of Saint Nicolas: Announcement of the Sister Julie’s establishment of St. Nicolas, transferred to Ghent after two and one-half years of existence in the parish of St. Pierre, written in 1844 by an eye and ear witness, Sister Marie de Jésus Steenhaut Superior.

The younger sister of Sister Marie Steenhaut, Françoise (Sister Ciska), was greatly appreciated by Mère Julie who spoke of her in her letters with much affection.  In her Memoirs, Mère Saint Joseph leaves no doubt as to the qualities of this young woman:

“But let us return to the point from which we have digressed.  We left Father Cottu in Mère Julie’s room.  As he turned to go, he asked which sisters she was taking with her.

Julie named several, among them Sister Ciska Steenhaut, a young Flemish woman from Ghent, who was seventeen years old and knew French well.  Father de Sambucy set a great store by her and wished her to stay in Amiens.  This is the way the dialogue went:

-‘No,’ said Father Cottu.  ‘Let Sister Ciska remain.’

-‘But, Father, did you not just say that I might take all the sisters?’

-I repeat, let her remain.  I cannot be sure but that the bishop will want to keep a few.’

-‘Father, I am sure she will not wish to remain.’

-‘Leave her, just the same.’

-‘I promise you, Father, she will want to go.’”

Mère Julie founded three schools in the diocese of Ghent (in Flanders).  On December 9, she established the house at Saint Nicolas.  Three sisters were sent there among whom was Sister Marie Steenhaut charged with looking after Flemish classes.  But, in May, 1809, the sisters were forced to leave this house because it was unsanitary.  They arrived in Ghent where Mère Julie had trouble finding proper lodging.  It was only on November 21, 1809, that the Sisters settled on the rue des femmes in Ghent and founded the school of Nouveau-Bois on February 15, 1810.  On November 11, 1811, the Sisters established a school in Zele

Click on the picture to enlarge and read the document – Extracts from the list of Mère Julie’s trips. (Pages 1 to 3: from 1804 to 1809 – foundations of houses in Flanders). Handwritten by Mother Saint Joseph
Extracts from the list of Mère Julie’s trips. (Pages 1 to 3: from 1804 to 1809 – foundations of houses in Flanders). Handwritten by Mother Saint Joseph

Once installed, the sisters must establish themselves with the populace and settle into the premises.   The language is one of the most important obstacles which they encounter at the time of their arrival in Flanders.  Among the children that they receive “out of a large number there are only five or six who understand French.”  (Letter of Sister Catherine Daullée to Sister Saint-Jean at St-Hubert, Gand (rue des femmes), December 29, 1809)  In order to overcome this obstacle, the Superior General immediately asks for the formation of Flemish postulants.  She shortens as well their novitiate to two months in order that the sisters might begin to teach in the children’s language as soon as possible.  (Annals of Saint Nicolas).  The sisters also adapt their needs to the populace to which they are sent.

2. Some international perspectives:  the Netherlands and America

First foreign establishments:  Holland

Before America, the first attempts at establishments outside of the France-Belgian area were directed towards Holland.  At the very end of the year of 1809, Julie Billiart undertakes a trip to Breda.  She went there at the request of a woman proposing her house for the establishment of a foundation.  The charitable woman did not convince Julie Billiart and the foundation was not made.

Some years later, in 1819, it is again Holland from which comes another request.

Father Matthias Wolff

Father Wolff, a Jesuit, asks Mother Saint Joseph to place with the Sister of Notre Dame two women to be formed in the religious life.  The Superior General accepts the request and receives in the house in Ghent three Dutch novices (Marie Stichters, Sophie Miltner and Lubuina van Elck). 

Between 1820 and 1821, four other postulants present themselves.  These young women are received and formed by the Sisters of Notre Dame but stay under the direction of Father Wolff.  These foreign religious are not destined to remain in the Congregation.  From the beginning, they were to return to found an establishment in Holland.  They establish a new Congregation on July 29, 1822 which is dedicated to education and they adopt the name “Christian Education.”  This Congregation evolves independently of that of the Sisters of Notre Dame de Namur.  They follow all the Rules, nonetheless, but adapted to the particular context of the country.  Today, this Congregation is known by the name Sisters of Notre Dame of Amersfoort and, although they do not recognize Julie Billiart as their foundress, they honor her with a special devotion. 

Departure for America:  desire for a voyage matured over a long period

Let’s consider attentively what Cécile Dupont writes in her excellent work of research in the General Archives of the Congregation of the Sisters of Notre Dame.

“The will to leave on a distant mission is present with the Sisters of Notre Dame for a long while before the actual departure.  Already under Mère Saint Joseph, allusions to this desire to evangelize beyond Europe are present.  A concrete project does not yet exist but words are disseminated here and there in the correspondence testifying to an idea that make its way into the minds of some:  “…you give us the desire to go on mission by all that you say to us… but our turn will come, I hope, and we think that the good God will call the Sisters of Notre Dame beyond the great river.  There is nothing new in our novitiate if not that our desire to go on mission grows from day to day.” (Letter from Sister Louis de Gonzague to Sister Stéphanie, 1832)  It is with this objective in mind that Thérèse Goethals joins the Congregation in 1821.  During the mandate as Superior General of Françoise Blin de Bourdon, in 1824, she (Thérèse) thinks a little too strongly about America and Mother Saint Joseph, who knows the missionary desire of Sister Ignace, tempers her: “It seems that you seem to be still dreaming about America.  But I doubt that you do so seriously.”  (Letter of Mother Saint Joseph to Sister Ignace Goethals, May 31, 1827)  However, it is this dreamer who will permit the realization of Monsignor de Broglie’s prediction. 

Mère Ignace, although promotor of the departure for America, does not leave Belgium.

Portrait of Mère Ignace

She makes her choice of eight sister pioneers according to their character, their abilities and their desire, and she accompanies them to Anvers from which they embark on September 3, 1830, in spite of Monsignor Purcell’s warnings and the reticence of their Belgian families. 

Sister Louise Van der Schrieck, Superior of the Province of Ohio, during 38 years (between 1848 and 1886).

“The boat chosen for the crossing takes on board, as well, Dominican and Jesuit priests who are their traveling companions.  The sea-sick sisters recount with good humor, to their sisters who remain in Belgium, the events of their crossing.”

“Having arrived on the new continent, they travel by train and by boat.  Throughout, the sisters from Belgium take up their pens as they discover an America both wild and modern.   The destination reached, the sisters are temporarily housed with the Ladies of Charity.  In this way, the site of their future home is not imposed on them.  In spite of the difficulty of finding a house in town, the sisters do not want to set themselves up in the country unless as a last resort because it is important that they live near the poor.  Moreover, they are afraid that they might not be able to be provided with the necessary material there.  The Sisters of Notre Dame finally have the opportunity to acquire a building on Sixth Street, in the center of Cincinnati.”

Building on Sixth Street, in the center of Cincinnati.

The establishment of the sisters in the United Sates is not done without difficulties.  This new country puts up several obstacles along their way.  The primary difficulty, of which the sisters are immediately aware, is the language.  From the time of their boarding, the sisters endeavor to learn English.  Reverend Father French, a Dominican passenger on the same crossing, serves as their first teacher (Letter of Sr. Louis de Gonzague to Mère Ignace.  October 21, 1840)  Once arrived, the sisters quickly realize their deficiencies in their mastery of English and of its capital importance in attaining their goal.  They continue to practice two to three hours a day.  They point out that it is necessary that the sisters who will come someday to join them master English prior to their departure.  Only Sister Louise (Joséphine van der Schrieck), one of the pioneers of the American mission who follows Sister Louis de Gonzague as Superior of the Cincinnati house in 1848, succeeds in managing the language correctly; the other sisters labor to comprehend it.  It is evident that that does not make their apostolic tasks easy.  The division of tasks according to skills depend on language acquisition; in this matter it is less easy to strictly respect the level of acquisition.  The limited number of sisters is also a hindrance.  Nonetheless, their Cincinnati establishment is a success.  A great number of students apply.  The expansion of their community and the absence of a novitiate on site oblige the Sisters of Notre Dame to continually ask for reinforcements.  […]

Little by little they adapt to their host country, shaped by their new environment.  From their culinary habits to their conception of space, their perspectives are transformed.  In America, the sisters encounter a new flora and fauna.  They discover new tastes, unknown fruits, and local dietary practices come to enrich their senses.  The sisters marvel, for example, in discovering colorful and unknown animals populating their environment in the summer climate much warmer than in Belgium.

One’s world view changes in this immense land.  Their first trip leaves on the sisters an impression of the immensity, but quickly they come to relativize it.  “…it crossed the ocean in 12 and ½ day; you see that it’s not such a great affair to go to Europe.”  (Letter from Sister Louis de Gonzague to Mère Ignace, September 1, 1841).  Very quickly they realized the difference in perception:  the missions of Father Rappe are around 300 miles from the sisters. “It is not such a great distance they say in America.” (Letter from Sister Louis de Gonzague to Mère Ignace, October 1, 1841)  New customs also enter into the everyday life of the sisters; thus, at first, they are astonished by the exchange of gifts at Christmas, something that is not done in Belgium.  (Letter from Sister Louis de Gonzague to Mère Ignace, January 4, 1842)  There are also differences in practices of courtesy; “…the Americans do not greet one another and, when they are seated, the ladies do not stand up for anyone.”  (Letter from Sister Louis de Gonzague to Mère Ignace, December 25, 1840)

In addition to the fact that the sisters must adapt to the American system of education, another fundamental difficulty between the Europe and the United States, in which the sisters function, is the religion of their majority protestant population.

CONCLUSION

Today, the distances that separate the houses founded by Mère Julie in Belgium and in France appear to us as being very short.  But, in Julie’s time, there did not exist easy transportation between towns and, to link villages,  it is practically nonexistent.  The coach is often inconvenient; one walks a lot and the trips are long.  In order to preserve the unity of the Congregation, Julie undertakes numerous long trips by coach, on the back of a donkey or even often on foot.  Between two trips, Mère Julie maintains contact with all the houses by writing numerous letters to her daughters, especially to the Superiors of the secondary houses. 

“In a community like ours, several nations must necessarily be gathered together but charity takes no account of differences because we are all one nation in Jesus Christ.”  (Julie, Themes)

In America, the sisters tried to hold as close as possible to what is done in Belgium: “we do everything as it is done in Belgium, as much as possible.” (Letter from Sister Louis de Gonzague to Mère Ignace, May 7, 1841)  In order to maintain unity, we know the importance that Superiors General give to correspondence.  Mère Ignace permits the Superior of Cincinnati to write every month in spite of the high price of mailing.  She wishes to maintain strong ties and a united Institute. 

Text: Marie Felten, archiviste générale des SND de Namur and Sr Christiane Houet, coordinatrice du Centre d’héritage des SND de Namur

English Translation : Sr Jo Ann Recker

Bibliography:

-All the documents reproduced in this text are preserved in the General Archives of the Sister of Notre Dame in Namur (archives.generales@sndden.org).

-Cécile DUPONT, The Salvation of Souls by Means of the Development of Feminine Education:  the Sisters of Notre Dame de Namur, Entrepreneurs of Education (1804-1842), UCL, Louvain-la-Neuve, June 2014

-Read the numerous works of Sister Gaby Peeters on the spread of the Sisters of Notre Dame in the provinces in the north of Belgium.

-Also read the works of Sister Louanna Orth, such as Remember, Rejoice, Renew, 1840-1990, Cincinnati, 1990.